Seul, dans une salle de cours [PV]

Quand on atterrit dans un endroit encore inconnu à nos yeux, nous cherchons tous à vouloir le connaître, mémoriser chaque petites parcelles, pour retirer le flou de notre tête, ne plus être perdu, se sentir plus à l'aise. Voila ce que Jason faisait à cet instant précis. Depuis son accident, qui avait engendré une amnésie, il ne savait plus ce qu'était une salle de cours, il n'avait pas le souvenir d'avoir déjà mit les pieds dans l'une d'entre elles, là où il habitait avant. Donc, ce type d'endroits se trouvaient être tout nouveau pour lui.


Tout les autres élèves étudiaient à cette heure-ci, dans leur classes respectives. Isaac, lui, sous la responsabilité du directeur, avait été suspendu de cours, le temps qu'il prenne un peu ses marques dans cet établissement. Réapprendre à vivre en société n'était pas chose facile quand on ne se rappelle plus de rien, avant de se réveiller dans une chambre d'hôpital. Le directeur ne voulait pas brusquer Jason. C'est pourquoi il avait décrété "Une chose à la fois". Il lui donnait quelques jours pour mémoriser chaque pièces, après, il devrait suivre les cours, comme tout le monde.


Pendant ce temps, il arpentait les couloirs, vides et silencieux, avant d'atterrir dans une salle de cours, sans aucun élève, sans aucun professeur. Jason s'avança, à quelques pas et s'approcha du tableau. Il se tourna, et fit tomber une craie, ce qu'il attira son attention. Déposant ses yeux sur celle-ci, il s'accroupit pour l'attraper, et remarqua qu'il en avait plein sur les doigts. Donc, en se relevant, il s'essuya sur le tableau, où apparut une trace blanche. C'était peut-être idiot, mais quand dans sa vie, on n'a jamais été confronté à une craie, on ne connaît pas subitement sa fonction. L'amnésie de Jason datait de seulement quelques jours, c'était comme s'il renaissait, il devait tout réapprendre, sans rien négliger.


Alors qu'il observait simultanément la craie et le tableau, il la déposa sur celui-ci traçant un trait. Et, au fil que les minutes défilaient, un dessin prenait forme, un dessin pour le moins très détaillé, représentant la pièce où il se trouvait. Beaucoup de choses y apparaissaient, les tables, les chaises, les fenêtres, la petite fissure dans le coin à droite, le stylo bleu qui gisait sur le sol, et la trace de doigt sur la vitre derrière lui.

Jason continuait de faire glisser la craie sur le tableau, de sorte à faire un dessin vraiment réussit. A la fin de celui-ci, il se recula légèrement, juste pour le voir. C'est là qu'il comprit qu'il avait un certain talent pour ce genre de choses. Tant mieux, s'il pouvait exprimer ses sentiments, ses émotions, par le biais d'un crayon, c'était une bonne chose. Comme la parole lui était assez limitée, tout simplement car il se renfermait sur lui-même, il pouvait tout extérioriser en dessinant, en peignant, ou bien en jouant de la musique. C'était étrange, mais ça, il y arrivait, facilement, sans avoir à se souvenir comment il fallait s'y prendre. Mais il ne cherchait même plus à comprendre, tout était bien trop flou de toute façon pour qu'il se pose des questions à chaque secondes.


Il sortit subitement de ses pensées lorsqu'une voix féminine parvint jusqu'à ses oreilles. Instinctivement, sa tête se tourna, et là, il put voir une jeune femme, assise sur une table, à regarder ce qu'il faisait. De plus, elle venait de lui demander ce qu'il pouvait bien faire ici, qu'elle, elle était en retard pour aller à un de ses cours. Bref, c'était une invitation à engager avec elle la conversation, mais Jason ne l'entendait pas de cette oreille. Il resta là, à l'observer, toujours aussi silencieusement. C'est un jeune homme très peu bavard, de plus, comme il se refermait sur lui-même, il doit être très rare, qu'un son sorte de ses lèvres entre-ouvertes.


Cette jeune femme était d'une grande beauté, et il ne put s'empêcher de lui adresser un petit sourire timide et attendrissant, après un instant d'hésitation. Il glissa sa main dans ses propres cheveux bruns, alors qu'il se retournait pour faire face au tableau. Dans son monde, dirons nous? Oui un peu, mais qui ne le serait pas à sa place? C'était un étranger pour tout le monde, y comprit pour lui-même. Chaque élèves étaient au courant qu'un amnésique venait d'entrer à l'université de Washington. Et oui, c'était lui, et pourtant, ce n'était pas un monstre.

Calista semblait vouloir continuer la conversation, bien que lui, ne semblait pas prêt à parler. Cela n'était pas contre elle. Mais la parole, depuis qu'il était ici, lui manquait un peu. Avec les certaines moqueries dont il devait faire face, il n'osait pas vraiment ouvrir la bouche pour qu'un son en sorte, de peur qu'on l'abaisse encore une fois. En fait, il fallait qu'il soit un minimum à l'aise pour qu'il se mette à répondre. Et franchement, ce n'était pas vraiment le cas ces temps-ci. Certaines personnes, cependant, aurait eut le mérite de le faire parler, comme Calvin ou bien Candice. Là encore, nous pourrions mettre cela sur le compte de la chance. Il parlera le moment venu, quand il se sentirait prêt, voila tout.


Alors comme ça, elle s'appelait Calista. Très bien, il garderait cette information en mémoire. Juste avant, elle lui expliqua qu'elle n'était pas ici pour le rabaisser. Disons que ce genre de phrase manquait de tact. Implicitement, elle lui faisait comprendre qu'il était déjà la risée de l'université, que tout le monde se payait sa tête, et ça, même si elle se la jouait bonne Samaritaine.


Il la regarda, alors qu'elle s'était approché de lui. Il fronça légèrement les sourcils, ses yeux plissés, montrant son incompréhension, alors qu'il détournait le regard.

Et toi tu es ?

Jason l'observa encore un instant, avant de s'approcher du tableau, dont il en fit basculer une partie vers lui, pour ne pas que Calista voit ce qu'il faisait. Il lui adressa un petit sourire en coin, avant de dessiner son visage. C'est pourquoi, de temps en temps, il jetait un coup d'oeil sur elle. Quand il eut terminé, d'un signe de la main, il l'invita à s'approcher, pour qu'elle découvre son oeuvre. Son visage était très ressemblant, digne des artistes.